Article tiré de Transit-City

Vu que ces mots auraient put être les miens, je me suis permis de piquer tout l'article...


"L'image ci-dessus est celle de l'exposition "L'Invention de la tour européenne" qui a ouvert la semaine dernière au Pavillon de l'Arsenal. Superbe dossier sur le sujet à télécharger

Je ne vais pas vous parler de l'expo (je l'ai pas encore vu), mais de cette affiche qui mélange les genre et les époques et qui m'a immédiatement fait penser à ces planches destinées à décrire les ambiances des films ou des jeux vidéo. Je me suis dit "Chouette, le Pavillon prend enfin l'archi comme j'en ai envie. Pas comme une histoire technique, mais comme une fiction, comme un vaste terrain de jeu."

Et j'ai immédiatement eu envie d'imaginer une affiche plus trash, plus sombre, plus prospective, avec des vaisseaux et des dirigeables passant entre les tours. En gros, un peu comme l'image ci-dessous réalisée par Pavel Elagin.


Et puis, au fil de mes rêveries, je me suis dit qu'en fin de compte l'expo que je rêverais de voir sur les tours du futur, c'est quand celles-ci seront détruites, quand elles seront en ruines.

J'en ai marre de toutes ces belles tours blanche, de toutes ces tours en verres, de toutes ces tours avec des jardins à tous les étages.

J'ai envie qu'on me parle du futur autrement.

J'ai envie qu'on me parle du Grand Paris pas comme un avenir désirable, mais comme un truc sombre, violent, mal fréquenté.

J'ai envie qu'on me parle de la ville et de la vie telle qu'elle pourrait être après 20 ans de crise, avec un pétrole réservé aux riches et une ségrégation sociale et raciale digne de l'Inde actuelle.

Bref j'ai envie d'un vrai truc qui me force à penser autrement avec des scénarios urbains qui sortent de l'ordinaire, et pas à cette espèce de robinet d'eau tiède et bien pensant que fut la consultation sur le Grand Paris.

J'ai envie de voir une expo sur Paris en temps de guerre en 2045.
J'ai envie de voir une expo sur Paris entouré de murailles face aux barbares de la banlieue.
J'ai envie de voir une expo sur un Paris ultra pollué, ultra violent, ultra inégalitaire.

J'ai envie de fictions noires qui réveillent, qui secouent et qui obligent à sortir de la torpeur et du ronron ambiant.



Alors voilà, je vous ai mis des images de villes détruites.

Pourquoi tant de haine, me direz vous ? Parce que quand j'étais gamin (12 ou 13 ans, je ne me souviens plus), j'ai vu à Beaubourg une expo extraordinaire d'Anne et Patrick Poirier composée de vastes maquettes de villes en ruine, réalisées en charbon fossilisé et charbon de bois. L'oeuvre - si je ne me trompe pas - s'appelait "Domus Aurea - construction IV"

Et ce fut un vrai choc.

Et moi aujourd'hui, j'ai envie de retrouver ce choc, cette émotion.

J'ai envie de sortir d'une expo d'urbanisme ou d'archi bouleversé.

J'ai envie de retrouver l'émotion et le ressort intellectuel que m'ont donné les Poirier et leurs oeuvres quand j'étais adolescent.

Car, en y réfléchissant bien, c'est en grande partie l'émotion ressentie à ce moment qui m'a donné envie de faire ce que je fais aujourd'hui, c'est à dire réfléchir à la ville un peu autrement, et surtout pas comme un architecte ou un spécialiste de quoi que ce soit. Je ne suis qu'un amateur, et le resterai toujours, pour garder - je l'espère - cette fraîcheur qui donne juste envie de faire un peu bouger les choses.


"Cette installation monumentale, inspirée d'une visite à la Maison Dorée à Rome, ancien palais de l'Empereur incendiaire Néron, n'est pas une reproduction précise du lieu réel mais permet d'explorer sur le mode imaginaire et sensible ce que ruines et vestiges évoquent.
Aujourd'hui, les œuvres de ce couple d'artistes s'inspirent de faits qui pointent le fragile équilibre du monde dans lequel nous vivons. Ils reconstituent les traces à la manière d'un miroir déformant, pour nous tenir en éveil et ne pas oublier la violence de l'Histoire.
Leurs réalisations depuis plus de trente ans résultent d'un constat de l'Ephémère, de la fragilité de nos existences. Que reste t'il quand tout est détruit ?"
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