En ce moment jusque fin mai 2018, le Musée d'Art Moderne de Villeneuve d'Ascq propose une rétrospective de l'oeuvre de Nicolas Schöffer. Artiste visionnaire et principal représentant de l'art cinétique, puis de l'art cybernétique, Nicolas Schöffer inventa le spatiodynamisme soit «l'intégration constructive et dynamique de l'espace dans l'œuvre plastique »
En 1954, tout cela est théorisé dans un livre, Le spatiodynamisme.
En 1955, il réalise à Paris la première sculpture multimédia interactive au monde, dotée d'un système d'interaction temps réel avec capteurs. Cette sculpture de 50 m de haut, sonorisée par une composition temps réel à partir de bandes magnétiques du compositeur de Messe pour le temps présent , Pierre Henry, fonctionnera tout l'été 1955.
Il proposa sous le gouvernement Pompidou l'édification de la Tour Lumière Cybernétique à deux kilomètre du centre de La Défense.
Ses 7 plateformes illuminées, devaient être réparties de la manière suivante:
- Au 1er: L’orientation "électronique" des visiteurs vers les différents niveaux de la tour.
- Au 2e: L’auditorium à jeu d'orgue lumineux.
- Au 3e: Un club de découvertes pour les jeunes, etc.
- Au 4e: Une salle de conférence.
- Au 5e et 6e: Un service de restauration avec jardins suspendus et plate-forme d'observation.
- Au 7e: 12 projecteurs à faisceau (long de 2 km de portée).
Le projet de la tour prévoyait d’accueillir 15 000 visiteurs à la fois, pour un prix de construction de l'ordre de 70 millions de francs (français) de l'époque.
Petite histoire
La tour fut conceptualisée au cours d'une première exposition dans une galerie parisienne en 1963. La version définitive fut assurée en 1968, visant une réalisation pour 1970. Finalement, à la vue du prix de la tour, elle fut projetée pour 1990. Mais l'appui du président Georges Pompidou pour ce projet ambitieux tomba avec la mort de ce dernier. La construction fut à l'époque une forme de médiatisation de l'opération La Défense, au moment même ou l' EPAD s'installait dans la Tour Fiat.
Son concept? Envoyer des rayons lumineux dans tous les sens et changer de couleur, selon le temps, les bouchons, l'humidité, les cours de la bourse ! Une sorte de baromètre de la vie parisienne, que l'on peut consulter à distance. Une vocation de guide pour les avions supersoniques atterrissant à paris-nord fut aussi évoquée...
Connue et attendue par le monde entier, elle aurait été installée au Point M de La Défense pour 1990, si un concours de circonstances malheureuses n'avaient empêché sa construction. Nicolas Schöffer considérait qu'elle existait "virtuellement" du fait de l'accomplissement parfait de tous les travaux préliminaires des diverses Entreprises constituées en Société Civile de Construction et d'Exploitation. Le Général de Gaulle l'avait acceptée, le Président Georges Pompidou donnait la garantie de l'État... Et la presse du monde entier avait longuement raconté le projet et diffusé des interviews et photos...
Aux États Unis d'Amérique
Au cours de l'année 2002, à la suite de l'attentat terroriste du World Trade Center, le projet de cette tour fut reproposé aux américains... Cette Tour fut d'abord proposée en 1986 par Nicolas Schöffer pour le Liberty Parc du New Jersey. En 2001, après l'attentat des World Trade Center, un projet de construction de la Tour Lumière Cybernétique ainsi que du Mausolée de Paul Maymont, furent remis au Maire de New York.
La Tour Lumière Cybernétique de New York a une ossature aérée de 307 m de hauteur et d'une envergure moyenne de 59 m, réalisée en tube d'acier de section carrée de 2 m de côté. Elle comporte 7 plateformes ouvertes au public. Sa forme est asymétrique et rythmée. Entre ses 200 bras parallèles orientés dans les quatre directions orthogonales, 114 axes tournants sont installés sur lesquels sont fixés 363 miroirs en acier inox poli, qui à l'arrêt comme en mouvement, projettent dans l'espace environnant un grand nombre de faisceaux lumineux réfléchis ou rétro réfléchis.
En Belgique
Cependant, Nicolas Schöffer avait déjà réalisé d'une certaine manière ce projet dénommé tour cybernétique en 1961 dans le Parc de la Boverie à Liège en Belgique.
La tour cybernétique est une tour mesurant 52 m de hauteur et qui se trouve aux abords immédiats du palais des congrès de Liège. Cette tour est une conception similaire aux deux autres projets, (systèmes de sonorisations, d'éclairages et mécanismes), à la différence qu'elle ne dispose pas de plateforme pour accueillir le public et qu'elle a une taille bien inférieure aux deux autres.
Ceci dit, la tour cybernétique fut classée au patrimoine des monuments historiques de Belgique en 1998, par le Ministre-président de la Région wallonne Robert Collignon. Et cela, après 20 ans d'efforts et de ténacité de Philippe Hoornaert, membre du bureau de l'Association Des Amis De Nicolas Schöffer, et qui est le représentant en Belgique pour le classement et la restauration de la tour cybernétique de Liège.
Après son installation en 1961, la tour ne fonctionna qu'une dizaine d'années et les premières démarches pour sa restauration débutent en 2002. La restauration aura lieu finalement en 2015, la tour est complètement démontée en mai et les travaux devraient durer une année. L’œuvre est complètement restaurée et les éléments électriques tels le cerveau et les lumières, remplacées par des LED, sont modernisés1. Celle-ci est remise en fonction en mai 2016, à l'occasion de l'inauguration de la passerelle La Belle Liégeoise et de l'ouverture du Musée La Boverie, avec une inauguration de la tour le 21 juin 2016
Tour Cybernétique de Liège (photographie prise par Robert Doisneau)
Tour Cybernétique de Liège - e1:24 (photographie prise par moi-même)
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